Evolution du réservoir viral VIH-1 sanguin au cours d’un traitement par immunothérapie
Avec l’apparition de nouvelles classes d’antirétroviraux (ARV) l’espérance de vie des personnes vivant avec le VIH a considérablement progressé, et rejoint celle de la population générale. De plus, les causes de mortalité évoluent, puisque les cancers en constituent désormais la cause majoritaire. Une classe de traitements anticancéreux, les immunothérapies, en bloquant les récepteurs CTLA4 ou PD1 impliqués dans le rétrocontrôle négatif de la réponse immunitaire auraient le potentiel double avantage de pouvoir lutter contre les cellules cancéreuses, mais également contre le VIH présent à l’état de latence dans les lymphocytes T puisque l’activation lymphocytaire est associée à une réactivation virale. Ainsi en associant un agent réverseur de latence et un ARV, il serait possible de diminuer le nombre total de cellules contenant le génome viral (réservoir viral). C’est la théorie du « shock and kill », qui constitue l’une des principales stratégies d’élimination du virus.
L’objectif de ma thèse est d’étudier l’évolution qualitative du réservoir viral VIH-1 chez des patients traités par immunothérapie. Il s’appuie pour cela sur la cohorte ANRS CO24 OncoVIHAC, cohorte multicentrique de patients vivant avec le VIH traités par immunothérapie pour un cancer. Cette étude fait suite à des études qualitatives qui ont identifié pour une minorité de patients une diminution au moins transitoire de l’ADN proviral concomitamment à une majoration de la charge virale plasmatique (résultat en accord avec la théorie du « shock and kill »).
Ces résultats soulèvent de nouvelles questions, en lien avec la structure du réservoir viral. En effet, seuls 5% des provirus sont potentiellement réplicatifs, les autres possédant des délétions ou mutations les rendant non fonctionnels. Se pose alors la question de la part des virus réplicatifs dans la diminution parfois observée au cours de ces traitements puisqu’un réservoir bas est un facteur associé à l’absence de rebond de la charge virale à l’arrêt des antirétroviraux. Un effet sur la part « fonctionnelle » du réservoir ouvrirait donc la voie à des essais d’immunothérapies chez des patients VIH positifs sans cancer, à visée curatrice.
Du fait de la complexité du réservoir VIH, plusieurs techniques complémentaires ont été développées. Nous envisageons d’utiliser deux principales méthodes. La première, l’Intact Proviral DNA Assay, permet une estimation des différentes populations virales entre virus entier potentiellement réplicatif, virus possédant de larges délétions et virus muté par APOBEC (enzyme de restriction). Elle consiste en une digital droplet PCR, technique où l’échantillon à amplifier est fractionné en environ 20 000 gouttelettes dans chacune desquelles une réaction de qPCR s’effectue indépendamment. Puis chaque gouttelette est analysée séparément afin de déterminer si elle présente une ou plusieurs parties du virus, permettant ainsi une première estimation des proportions de virus réplicatif / non réplicatif. Cette technique a l’avantage d’avoir été validée après sa publication princeps sur plusieurs cohortes et, nécessite peu de cellules. Cependant, elle porte sur seulement deux régions du génome viral et peut surestimer la proportion de virus réplicatifs. Pour pallier ce problème nous envisageons également de réaliser une technique de dilution limite – séquençage de génome VIH. Elle consiste à diluer le prélèvement pour qu’un seul génome viral soit statistiquement présent par puits. Puis chaque génome viral est indépendamment amplifié et séquencé. La dilution est nécessaire car elle permet d’avoir une vision non biaisée de l’ensemble de la population virale : les provirus ayant de larges délétions, plus courts, seraient surreprésentés car plus rapidement amplifiables. L’inconvénient de cette technique est cette fois sa lourdeur, puisqu’elle nécessite de multiples PCR avant séquençage. Elle permet cependant une analyse plus fine des populations virales, et notamment leur évolution vis-à-vis des complexes majeurs d’histocompatibilités par des approches bio informatiques. Enfin, il est possible de coupler cette technique avec une recherche des sites d’insertion du génome viral.
Type de financement
Projet de recherche
CARRAT Fabrice | Inserm UMR S 1136 Epidémiologie de la grippe et des hépatites virales : risque, pronostic et stratégies thérapeutiques CARRAT Fabrice
Inserm UMR S 1136
Epidémiologie de la grippe et des hépatites virales : risque, pronostic et stratégies thérapeutiques
Institut Pierre Louis d'Epidémiologie et de Santé Publique
CS 81393
56 Boulevard Vincent Auriol
75646
Paris Cedex 13