L’étude ANRS-Prévenir a démarré en Mai 2017. Cette étude de cohorte, dont le but était de recruter 3000 individus sous prophylaxie pré-exposition (PrEP) en île de France, sur une période de deux ans, avait pour objectif principal d’obtenir une diminution d’au moins 15% des nouveaux diagnostics d’infection à VIH chez les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH) en Ile de France trois ans après le démarrage de l’étude (c’est-à-dire en comparant les données de diagnostics d’infection VIH en Ile de France fournis par Santé Publique France entre 2015/2016 et 2019/2020). Dans l’étude ANRS-Prévenir, les participants peuvent prendre la PrEP selon un schéma continu ou à la demande, et peuvent passer d’un schéma à l’autre en cours de suivi. Il s’agit de l’unique étude de grande taille, à l’échelle internationale, avec des données d’efficacité de la PrEP à la demande en vie réelle. C’est d’ailleurs sur les bases des premiers résultats de l’efficacité de la PrEP à la demande en vie réelle dans l’étude ANRS-Prévenir (qui confirment ceux de l’essai ANRS-IPERGAY) que l’OMS a recommandé, en juilet 2019, parmi les schémas possibles de PrEP, le schéma de PrEP à la demande (2+1+1).
Deux ans après le démarrage de l’étude, de nombreuses questions émergent (au-delà de l’évaluation du critère principal de jugement) :
– comment atteindre les plus jeunes (< 25 ans) ?
– au vu de l’augmentation significative de l’incidence des IST bactériennes, quelles interventions pourraient être proposées ?
– quelles stratégies face à l’incidence des hépatites C aigues ?
– au vu de la proportion importante de participants consommant des substances psycho-actives (« chemsex »), quelles interventions proposer afin de réduire ces consommations ?
– quelle sera la rétention dans la PrEP à long terme et quelle sera son efficacité individuelle et sa tolérance à long terme?
– quel sera l’impact de la PrEP sur l’incidence de l’infection à VIH à long terme au-delà d’un éventuel impact initial ?
– qui sont les utilisateurs de la PrEP en Ile-de-France ?
Ainsi, nous allons mettre en place plusieurs études, nichées dans la cohorte ANRS-Prévenir, pour apporter des réponses scientifiques à ces questions
– l’étude ANRS-TRUST, qui a obtenu un finacement de l’ANRS, va évaluer l’intérêt d’une stratégie RDS pour amener des jeunes de moins de 25 ans vers la PrEP.
– l’essai randomisé ANRS-Doxyvac, financé par l’ANRS, va évaluer, deux stratégies thérapeutiques visant à réduire l’incidence des IST chez les utilisateurs de PrEP, avec d’une part l’évaluation de la doxycycline en traitement post-exposition pour réduire l’incidence des IST à Chlamydia trachomatis et à T. pallidum (versus pas de doxycycline), et d’autre part, la vaccination contre le méningocoque B sur la réduction de l’incidence des infections à gonocoque (versus pas de vaccin)
– l’étude NOCO, financée et qui a démarré en Février 2020, va évaluer l’intérêt d’un test de dépistage de l’Hépatite C basé sur la détection d’antigène du VHC en termes de raccourcissement du délai de diagnostic d’hépatite C aigue par rapport à la sérologie standard qui ne détecte que les anticorps anti-VHC
– l’étude RdR/Chemsex va évaluer l’acceptabilité d’un programme innovant de réduction des risques (RdR) chez les utilisateurs de PrEp qui consomment du Chemsex.
– la mise en évidence de facteurs associés à la rétention sous PrEP à moyen – long terme grâce à la prolongation du suivi
Avec le temps, il est de plus en plus clair que la cohorte ANRS-Prévenir doit être considérée comme un observatoire prospectif permettant de conduire des études spécifiques dans le cadre d’une thématique générale sur la santé sexuelle des populations à risque et singulièrement chez les HSH. Dans l’état actuel des projets validés ou en réflexion avancée, la prolongation nécessaire est d’au moins 5 ans. L’ANRS a accordé une prolongation d’un an, c’est-à-dire jusqu’en mai 2021. La présente demande a pour objet d’obtenir une prolongation jusqu’en mai 2025, afin de mener à bien toutes les études qui permettront de répondre aux questions de santé sexuelle qui émergent suite à la mise à disposition de la PrEP.