Contexte
Par rapport à la population générale, les personnes ayant une infection chronique par le virus de l’hépatite C (VHC) ont un risque plus élevé d’insulinorésistance (IR), qui augmente le risque de diabète, d’atteintes cardiovasculaires, de stéatose et de fibrose hépatique avancée. La coinfection par le VIH et les modes de vie peuvent modifier l’évolution des complications liées au VHC, même après la guérison du VHC. Ils peuvent également influencer le fonctionnement du système endocannabinoïde (SEC) dont le rôle est d’exercer l’homéostasie sur tous les autres systèmes, y compris le système métabolique. Deux études chez des personnes coinfectées par le VIH et le VHC ont montré que le cannabis est associé à une réduction de la mortalité liée au VHC, et à un risque réduit de stéatose hépatique et d’insulinorésistance, et ce, probablement en améliorant le fonctionnement du SEC. La coinfection VIH-VHC permet d’étudier de manière innovante l’influence des comportements pro- et anti-inflammatoires, de la guérison du VHC et du fonctionnement du SEC sur les troubles métaboliques. Dans ce contexte, l’évaluation du modèle d’homéostasie de la résistance à l’insuline (HOMA-IR) est un biomarqueur intéressant, non seulement prédictif de la résistance à l’insuline mais également des complications métaboliques et hépatiques.
Objectifs
L’objectif principal de ce projet est d’étudier la relation entre cannabinoïdes sériques et insulinorésistance (HOMA-IR) avant la guérison VHC, chez les participants coinfectés VIH-VHC de la cohorte ANRS CO13 HEPAVIH. Les objectifs secondaires sont : évaluer l’association entre cannabinoïdes sériques et fibrose hépatique (mesurée par le FIB-4) avant la guérison VHC ; mesurer l’effet de la guérison VHC sur les endocannabinoïdes, les marqueurs inflammatoires, l’HOMA-IR et le FIB-4 ; estimer l’association entre d’autres xénobiotiques sériques (alcool, cannabis et autres drogues) et HOMA-IR, FIB-4 et marqueurs inflammatoires ; évaluer la concordance entre usage auto-déclaré de substances psychoactives et biomarqueurs sérologiques de consommation ; explorer l’effet de l’âge et du sexe sur les cannabinoïdes sériques.
Méthodes
Nous proposons une étude cas-témoins emboitée dans la cohorte ANRS CO13 HEPAVIH, comparant les participants avec un HOMA-IR>2,77 et ceux avec un HOMA-IR≤2,77 dans les 36 mois avant la guérison du VHC. Une seconde mesure du HOMA-IR est également prévue chez les mêmes participants dans les 36 mois après la guérison du VHC pour répondre aux objectifs secondaires de l’étude.
Seront éligibles pour l’étude les participants guéris du VHC, ayant des données disponibles sur l’HOMA-IR, la consommation de substances et le sérum prélevé dans les 36 mois avant la guérison et dans les 36 mois après la guérison du VHC. Nous récupérerons également les données médicales enregistrées dans la cohorte, ainsi que les données déclarées par les participants via les auto-questionnaires. Les analyses de laboratoire évalueront les cannabinoïdes sériques et les marqueurs de consommation de substances en utilisant la chromatographie liquide avec détection par spectrométrie de masse en tandem.
Des modèles de régression logistique seront utilisés pour étudier la relation entre cannabinoïdes sériques et HOMA-IR ou fibrose hépatique après ajustement sur le sexe et l’âge. Afin de comprendre la séquence causale potentielle, nous effectuerons une analyse de médiation et une modélisation d’équations structurelles. Les modèles mixtes linéaires ou logistiques permettront d’étudier l’effet de la guérison VHC sur les cannabinoïdes sériques, les marqueurs inflammatoires, l’HOMA-IR et la fibrose hépatique, ainsi que les effets d’autres xénobiotiques sur l’HOMA-IR et la fibrose.
Résultats attendus
Cette recherche offre l’opportunité d’identifier de nouveaux marqueurs des complications métaboliques et hépatiques, basés sur le système endocannabinoïde chez les personnes coinfectées.
Notre étude propose également d’exploiter de façon originale et innovante le potentiel de la sérothèque de la cohorte ANRS CO13 HEPAVIH permettant d’améliorer la prise en charge des participants à l’époque de la guérison du VHC.