La tuberculose (TB), causée par Mycobacterium tuberculosis (Mtb) reste l’une des principales causes de décès due à un agent infectieux dans le monde. Le traitement de la tuberculose nécessite plusieurs mois de chimiothérapie avec des schémas thérapeutiques complexes contenant plusieurs antibiotiques. Malheureusement, la durée et la toxicité des régimes antituberculeux disponibles affectent considérablement l’observance, conduisant à des échecs thérapeutiques, des rechutes et l’émergence de résistances. Ce nombre croissant de souches multirésistantes constitue un véritable défi clinique extrêmement préoccupant. Dans ce contexte, le développement de nouvelles interventions thérapeutiques est désespérément nécessaire pour réduire la durée du traitement et éviter la génération de sous-populations multirésistantes récalcitrantes.
Parmi les médicaments de première ligne disponibles, le pyrazinamide (PZA) joue un rôle clé dans le traitement de la tuberculose. En effet, l’introduction de cet antibiotique dans la chimiothérapie antituberculeuse standard a permis de raccourcir la durée du traitement de 9-12 mois à 6 mois. Le PZA est donc l’une des meilleures molécules à notre disposition. Deux mécanismes majeurs, communément acceptés au sein de notre communauté scientifique, ont été proposés pour décrire le mode d’action du PZA. Le premier nécessite un pH microenvironnemental acide pour être efficace en perturbant l’homéostasie du pH intrabactérien et le potentiel de membrane. Le second, ne nécessite aucune étape de protonation et cible l’aspartate carboxylase PanD, impliquée dans la biosynthèse de la co-enzyme A, ayant ainsi une efficacité quel que soit le pH microenvironemental. Ainsi, bien qu’il soit utilisé en clinique depuis près de 50 ans, le mode d’action moléculaire du PZA reste mal caractérisé avec des modèles potentiellement conflictuels.
Afin de répondre à ces questions, nous avons conçu une proposition de projet d’initiation intitulée » Contribution moléculaire du pH et de l’aspartate décarboxylase PanD dans le mode d’action du pyrazinamide chez Mycobacterium tuberculosis (PanDMyc) » qui vise à développer de nouveaux outils biologiques, technologiques et analytiques pour décrypter les bases moléculaires responsales de l’activité du PZA.
Dans un premier temps, nous proposons de développer un programme de répression transcriptionnelle (CRISPRi) chez Mycobacterium tuberculosis. Ensuite, ce système permettra de réaliser des approches chimio-génétiques innovantes pour caractériser les hypothétiques cibles et voies biologiques impliquées dans la sensibilité au PZA. Nos travaux se focaliseront donc sur la cible putative PanD, impliquée dans la biosynthèse de la co-enzyme A et la contribution du pH microenvironnemental.
Avec ces investigations, nous visons à redéfinir le mode d’action du PZA, apportant ainsi de nouvelles connaissances sur les principes fondamentaux de la chimiothérapie et l’émergence d’une population résistante aux médicaments avec des implications cliniques importantes.
Nous croyons fermement que les conclusions qui découleront de ce contrat d’initiation fourniront une base solide pour la conception d’un projet multidisciplinaire très ambitieux qui a le potentiel de bénéficier non seulement aux chercheurs fondamentaux et aux cliniciens, mais également à la définition de nouvelles stratégies thérapeutiques, le raccourcissement de la durée du traitement et ultimement bénéficier aux patients grâce à un meilleur contrôle global des cas de TB.