Acceptabilité de la PreP au Cambodge en 2024

Une étude inédite dans les populations clés particulièrement vulnérables au VIH

Publié le 24 mai 2024

L’essentiel

Pour la première fois au Cambodge, une étude a été menée pour évaluer l’acceptabilité de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) et les préférences d’administration dans les populations clés qui sont particulièrement vulnérables au VIH. Les résultats montrent que, malgré une controverse qui existe depuis 2004, le recours à la PrEP selon certaines conditions pourrait être une avancée majeure dans la lutte contre le VIH.

Le contexte

Si, dans sa population générale, le Cambodge a presque atteint les buts d’ONUSida pour aider à mettre fin à l’épidémie du sida, la prévalence de la maladie est encore très élevée parmi les populations clés. Elle atteint, par exemple, 9,6 % chez les femmes transgenres contre 0,5 % dans la population générale. La prophylaxie pré-exposition (PrEP) pourrait être très bénéfique. Approuvée au Cambodge depuis 2019, son usage y est cependant controversé, suite à l’interruption d’un essai clinique survenue en 2004 dans le pays pour des raisons éthiques (les organisations communautaires de travailleurs et travailleuses du sexe considéraient qu’il y avait exploitation des populations par les entreprises pharmaceutiques et les pays développés).

Le but de l’étude et sa méthodologie

Camilla Oliveri et ses co-auteurs ont publié dans AIDS Care les résultats d’une étude financée par l’ANRS MIE concernant la perception de la PrEP au Cambodge.

L’étude a été menée en 2022 à Phnom Penh dans le but d’évaluer l’acceptabilité et la préférence du type d’administration de la PreP auprès des populations clés (femmes transgenres, hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), travailleurs et travailleuses du sexe). L’approche qualitative et communautaire fait intervenir six groupes de discussion (59 participants) et quatre entretiens individuels semi-structurés dont les thèmes étaient les suivants :

  • Perception du risque de VIH
  • Expérience avec les structures médicales et les organisations communautaires
  • Perception et satisfaction à l’égard des stratégies de prévention du VIH disponibles (préservatifs)
  • Attentes et besoins de la population concernant les stratégies innovantes de prévention du VIH (PrEP orale et injectable)
  • Croyances et représentations de la PrEP et perception de son efficacité

Résultats de l’étude

Globalement, les populations clés ont une perception positive de la PrEP. Leur préférence va vers une administration quotidienne et communautaire plutôt que ponctuelle et hospitalière. Si elle devenait disponible au Cambodge, la PrEP injectable serait une option potentielle.

Dans le détail, la promiscuité, la consommation d’alcool et la non-utilisation de préservatifs sont perçues comme des facteurs de risque de l’infection par le VIH. Pour les populations, la PrEP orale est une bonne alternative aux préservatifs, une protection efficace contre le VIH et une garantie à l’accès à des examens de santé gratuits. Par contre, les inconvénients perçus de la PrEP incluent l’absence de protection contre les autres infections sexuellement transmissibles, la peur des effets secondaires et les difficultés d’adhésion.

« Nous recommandons de proposer différentes formes et voies d’administration de la PrEP pour favoriser son acceptabilité et son adhésion, d’augmenter le nombre d’organisations communautaires et d’améliorer leurs services, de distribuer la forme injectable dès sa disponibilité, et d’améliorer les informations sur les effets secondaires de la PrEP » (Camilla Oliveri, Aix-Marseille Université)

Conclusion

Les résultats de cette étude montrent que la diversité des méthodes et des lieux d’administration pourrait favoriser l’acceptabilité et l’adhésion de la PrEP au Cambodge, permettant ainsi de lutter efficacement contre le VIH.

 

Bibliographie

Oliveri C. et al. “AIDSImpact Special Issue” – High PrEP acceptability and need for tailored implementation in Cambodian key populations: results from a qualitative assessment. AIDS Care 2024; 1–8.