Dengue

La dengue est une maladie infectieuse due au virus de la dengue, un arbovirus. Il s’agit de l'arbovirose humaine la plus répandue dans le monde.

Dernière mise à jour le 18 décembre 2024

L’essentiel

La dengue est une maladie infectieuse due au virus de la dengue, un arbovirus. On estime aujourd’hui qu’environ la moitié de la population mondiale est exposée au risque de cette infection transmise par des moustiques infectés1. Il s’agit de l’arbovirose humaine la plus répandue dans le monde2.

Origine de la dengue

Historique

La dengue sévit principalement dans les régions tropicales et subtropicales du monde entier1,2. L’incidence de la dengue a fortement progressé en l’espace de quelques décennies : de 505 430 cas en 2000, le nombre de cas notifiés à l’OMS est passé à 5,2 millions en 2019. Son point culminant a été atteint en 2023 avec plus de 6,5 millions de cas et plus de 7 300 décès liés à l’infection1.

En 2019, le rapport du Lancet sur la santé et le changement climatique constatait que la propagation de la dengue était favorisée par les évolutions récentes du climat depuis les années 20003. Elle s’est rapidement répandue à travers le monde. L’Asie, considérée comme le berceau du virus de la dengue, est le continent le plus touché, suivi des Amériques (La Martinique et la Guadeloupe sont actuellement touchées par une épidémie de dengue4) et de l’Afrique2,5.

Désormais, la maladie est endémique dans plus de 100 pays. Elle touche aussi la Méditerranée orientale, le Pacifique occidental, et se propage vers de nouvelles régions d’Europe1.

Entre 2010 et 2023, 273 cas autochtones ont été enregistrés en Europe. En France métropolitaine, deux cas de transmission locale ont été signalés pour la première fois en 2010 et 65 cas de dengue autochtone ont été diagnostiqués en 20226. En 2023, pour la première fois, un foyer de dengue autochtone regroupant trois cas a été identifié en Île-de-France7. En France, depuis le 1er janvier 2024, plus de 1 679 cas de dengue ont été importés en métropole contre 131 cas sur la même période en 20238.

Quelque 100 à 400 millions d’infections surviennent chaque année dans le monde1. L’édition 2023 du rapport du Lancet estime que la transmission de la dengue pourrait bondir de 36 % d’ici 20509.

Le virus de la dengue

Le virus de la dengue est un virus à ARN appartenant à la famille des Flaviviridae et au genre Flavivirus2. Il se classe en quatre sérotypes distincts : DENV-1 à DENV-42. Cette différence ne confère pas une protection croisée à long terme : la guérison après infection entraîne une immunité à vie contre le sérotype à l’origine de l’infection, mais pas contre les trois autres2.

Transmission

Transmission par piqûre de moustique

La transmission de la dengue suit deux cycles : un cycle sylvatique au cours duquel le virus circule entre les primates non humains et des moustiques du genre Aedes (Aedes luteocephalus et Aedes furcifer), et un cycle urbain dans lequel le virus circule entre les hommes et les moustiques urbains (Aedes aegypti et Aedes albopictus)2. Les habitations à proximité des forêts constituent la zone d’émergence2, où s’est effectué le transfert inter-espèces à l’être humain il y a quelques centaines d’années5.

Les moustiques Aedes aegypti et Aedes albopictus se déplacent peu au cours de leur vie. Les femelles pondent leurs œufs dans des gîtes où la présence d’eau stagnante est nécessaire au développement larvaire10. Lorsqu’un moustique femelle s’est nourri du sang d’une personne infectée (la période de virémie chez l’humain est d’environ 5 jours, voire jusqu’à 12 jours), le virus se réplique dans l’intestin moyen de l’insecte avant de se propager jusqu’à ses glandes salivaires1,2. La multiplication du virus dans le moustique dure environ 10 jours10. À l’issue de ces 10 jours, le moustique infectieux peut transmettre le virus et infecter une nouvelle personne1,10.

En 2023, une forte augmentation locale du virus de la dengue a été observée en Europe via Aedes albopictus1. Le moustique tigre Aedes albopictus, originaire des forêts tropicales d’Asie du Sud-Est, se retrouve désormais sur toute la planète, à l’exception de l’Antarctique11.

Depuis le 1er janvier 2024, on retrouve le moustique tigre dans 78 départements de métropole. Il est également présent à La Réunion et à Mayotte. En Guadeloupe, Martinique, et Guyane, c’est le moustique Aedes aegypti qui est le vecteur à l’origine des principales épidémies de dengue11.

Transmission maternelle

Entre êtres humains, le virus de la dengue se transmet principalement par l’intermédiaire de piqûre de moustiques1. Une transmission maternelle de la femme enceinte à son enfant est toutefois possible, mais elle est peu fréquente et le risque semble dépendre du moment où l’infection par la dengue survient au cours de la grossesse1.

Transmission par produits d’origine humaine

Le virus peut, de manière plus rare, être transmis par la transfusion ou la greffe d’organes ou de cellules1,10.

 

Le cycle urbain de transmission du virus de la dengue
Répartition actuelle connue d’Aedes albopictus en Europe en Juillet 2024 (en rouge, établi ; en jaune, introduit ; en vert, absent)

Symptômes et traitement de la dengue

Les symptômes

La période d’incubation de la dengue varie d’une personne à l’autre, en fonction de son statut immunitaire2.

La maladie revêt différentes formes plus ou moins graves. Selon le tableau clinique, l’OMS classe la dengue en deux catégories : la dengue avec ou sans signe d’alerte et la dengue sévère. La gravité de la maladie dépend du sérotype du virus infectant. Le sérotype 2 (DENV-2) serait plus susceptible de provoquer des cas graves2.

La plupart des malades ont des symptômes légers ou n’ont aucun symptôme et se rétablissent en une à deux semaines. Quand ils apparaissent, les symptômes commencent habituellement 4 à 10 jours après l’infection et durent de 2 à 7 jours1.

La fièvre (40°C) s’accompagne souvent de douleurs musculaires et articulaires, d’anorexie, de douleurs rétro-orbitaires, de nausées et vomissements, de mal de gorge, de céphalées et d’éruption cutanée1,2.

Dans de rares cas, la dengue peut être grave et entraîner la mort1.

Les personnes infectées pour la deuxième fois courent un risque accru de dengue sévère1. Les symptômes de la dengue sévère surviennent souvent après la disparition de la fièvre :1

  • Douleurs abdominales sévères
  • Vomissements persistants
  • Respiration rapide
  • Saignement des gencives ou du nez
  • Fatigue
  • Agitation
  • Sang dans les vomissures ou les selles
  • Forte sensation de soif
  • Peau pâle et froide
  • Sensation de faiblesse

Dans cette forme grave (dengue hémorragique), les patients présentent un épanchement pleural (présence anormale de liquide dans la cavité pleurale) avec une hypoalbuminémie ou une hypoprotéinémie, ainsi qu’une augmentation de la perméabilité vasculaire pouvant entraîner des hémorragies, avec ou sans syndrome de choc2*. Les sérotypes 2 et 3 sont le plus à l’origine de complications neurologiques2.

 

*ensemble de symptômes graves et d’évolution rapide comprenant fièvre, éruption cutanée, baisse dangereuse de la tension artérielle et défaillance de plusieurs organes.

Les traitements

Il n’existe pas de traitement curatif spécifique contre la dengue. L’accent est mis sur le traitement des symptômes1,2. En plus du repos, les patients doivent s’hydrater régulièrement pour lutter contre la déshydratation en cas de diarrhées et de vomissements2.

La plupart des cas de dengue peuvent être traités à domicile avec des analgésiques1,2. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens comme l’ibuprofène et l’aspirine sont évités, car ils peuvent augmenter le risque de saignement1,2. Pour les personnes atteintes de dengue sévère, une hospitalisation est souvent nécessaire1.

Après leur guérison, les personnes qui ont eu la dengue peuvent se sentir fatiguées pendant plusieurs semaines1.

La prévention

Le meilleur moyen de lutte contre la dengue demeure la prévention. Celle-ci repose sur la lutte contre les moustiques vecteurs et la protection individuelle (répulsif, port de vêtements longs et amples…). Les personnes résidant dans une zone susceptible d’être concernée par une endémie ou une épidémie de dengue peuvent contribuer à diminuer ce risque notamment en détruisant ou en asséchant les gîtes potentiels, que constitue toute réserve d’eau stagnante à l’extérieur ou à l’intérieur du domicile12.

La dengue est une maladie à déclaration obligatoire (DO) sur l’ensemble du territoire métropolitain et toute l’année. Dans les départements d’outre-mer, il existe des dispositifs de surveillance et de signalement spécifiques13.

Les documents nécessaires à la notification d’un cas de dengue en fonction des territoires sont disponibles sur Santé publique France.

Contrôle des vecteurs

Les vaccins

La lutte contre la dengue repose également sur le développement d’un vaccin. Les plus avancés sont tous tétravalents et fondés sur des virus vivants atténués recombinants14.

Deux vaccins sont actuellement autorisés : Dengvaxia (Sanofi Pasteur) et Qdenga (Takeda)14. Approuvé le premier en 2015, Dengvaxia a montré une efficacité globale contre la dengue de 59,2 %, avec une efficacité contre la dengue hémorragique très importante : 80 % après une première injection et 88 % après trois injections14. Cependant, son efficacité varie en fonction du sérotype (50 % contre DENV-1 ; 35 % contre DENV-2 ; > 75 % contre DENV-3 et DENV-4)14. Son efficacité est moindre également chez les personnes n’ayant jamais été infectées (35,5 %) par rapport à celles ayant déjà fait une primo-infection (74,3 %), et il existe une augmentation de survenue de dengue sévère chez les jeunes enfants2.  Il serait également associé à un risque accru de survenue d’une dengue sévère chez des sujets vaccinés et n’ayant jamais été en contact avec le virus2.

L’efficacité du deuxième vaccin disponible varie selon les groupes d’âge, les sérotypes (69 % contre DENV-1 ; 90,8 % contre DENV-2 ; 51,4 % contre DENV-3 et 50 % contre DENV-4) et le statut sérologique initial (74 ,8 % pour les personnes ayant déjà été infectées et 67 % chez celles ne l’ayant jamais été)14.

Ces deux vaccins contre la dengue sont actuellement autorisés en France. Le vaccin Dengvaxia peut être proposé dans les territoires français d’Amérique (Antilles et Guyane), exclusivement pour les personnes âgées de 9 à 45 ans ayant la preuve d’une infection antérieure15. Le vaccin Qdenga est recommandé pour les enfants et adolescents de 6 à 16 ans, résidant dans les territoire français d’Amérique, ayant la preuve d’une infection antérieure15.

Accédez aux recommandations de la HAS

Vous pouvez aller sur le site de la HAS pour consulter ses recommandations concernant la vaccination contre la dengue.

HAS

Les actions de l’ANRS MIE

Arbo-France

Placée sous l’égide de l’ANRS MIE, Arbo-France est un réseau français multidisciplinaire et multi-institutionnel de veille, de surveillance et de recherche sur les arboviroses humaines et animales en métropole et les territoires ultra-marins.

Ses principaux objectifs sont :

  • de créer un système de veille et d’alerte auprès de l’ANRS MIE,
  • d’améliorer la visibilité de la recherche sur les arbovirus en France et à l’international,
  • d’aider aux montages de projets de recherche,
  • d’apporter une expertise scientifique.

Le projet LSDengue

Dans le cadre de l’appel à projets PEPR MIE 2023, l’ANRS MIE finance le projet LSDengue qui a pour objectif d’identifier les facteurs déterminants des formes sévères de la dengue pour définir des biomarqueurs utilisables en clinique et adapter les soins aux patients. Il prévoit une étude d’une ampleur sans précédent de caractérisation complète (clinique, génétique, virologique et immunologique) de centaines de patients aux origines génétiques diverses, recrutés sur une grande partie de l’aire géographique d’incidence de la dengue grâce à un vaste réseau dans les territoires ultramarins. Il s’agit d’anticiper la progression de l’infection vers une dengue grave, d’améliorer la prise en charge des patients et de réduire le risque de mortalité lié à la dengue. Ce réseau intercontinental pourrait fournir une base solide pour la préparation et le contrôle des virus émergents, en particulier les arbovirus et la dengue.

Coopération scientifique France-Brésil

Forts de leurs expertises complémentaires, le Brésil et la France se mobilisent pour partager leurs connaissances et élaborer des projets communs autour des arboviroses, parmi lesquelles la dengue. Les 30 et 31 octobre 2024 s’est tenu à Belém (Brésil) un workshop franco-brésilien sur la thématique des arbovirus organisé par l’Instituto Evandro Chagas (Secrétariat de surveillance sanitaire et environnemental, Ministère de la Santé du Brésil) et l’ANRS Maladies infectieuses émergentes (ANRS MIE), avec le soutien de l’Ambassade de France au Brésil et en partenariat avec le réseau ArboFrance.

Références

  1. Dengue et dengue sévère. https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/dengue-and-severe-dengue#:~:text=La%20dengue%20est%20une%20infection,d%27infections%20survenant%20chaque%20ann%C3%A9e. (consulté le 16/12/2024)
  2. Tinto B, et al. Circulation du virus de la dengue en Afrique de l’Ouest. Une problématique émergente de santé publique. Médecine/sciences 2022 ; 38 : 152-8.
  3. Le rapport 2019 du Compte à rebours du Lancet sur la santé et le changement climatique. https://www.thelancet.com/pb/assets/raw/Lancet/Hubs/climate-change/TL_Countdown_ExecutiveSummary_French-1573659911007.pdf (consulté le 16/12/2024)
  4. Santé publique France. Dengue aux Antilles. Point au 15 novembre 2024. https://www.santepubliquefrance.fr/regions/antilles/documents/bulletin-regional/2024/dengue-aux-antilles.-point-au-15-novembre-2024#:~:text=Guadeloupe,depuis%20plus%20de%2020%20ans. (consulté le 16/12/2024)
  5. Harapan H, et al. Dengue: A Minireview. Viruses 2020, 12, 829; doi:10.3390/v12080829.
  6. European Centre for Disease Prevention and Control. Local transmission of dengue virus in mainland EU/EEA, 2010-present. https://www.ecdc.europa.eu/en/all-topics-z/dengue/surveillance-and-disease-data/autochthonous-transmission-dengue-virus-eueea. (consulté le 16/12/2024)
  7. Mes vaccins. Cas autochtones de dengue, chikungunya et Zika en Europe cette année 2023. https://www.mesvaccins.net/web/news/21518-cas-autochtones-de-dengue-chikungunya-et-zika-en-europe-cette-annee-2023. (consulté le 16/12/2024)
  8. gouv.fr. Moustiques vecteurs de maladies. https://sante.gouv.fr/sante-et-environnement/risques-microbiologiques-physiques-et-chimiques/especes-nuisibles-et-parasites/moustiques#:~:text=Depuis%20le%201er%20janvier,site%20de%20Sant%C3%A9%20Publique%20France. (consulté le 16/12/2024)
  9. Romanello M, et al. Le Rapport 2023 du Lancet Countdown sur la santé et les changements climatiques: l’impératif d’une démarche axée sur la santé dans un monde confronté à des dommages irréversibles. https://www.thelancet.com/pb-assets/Lancet/Hubs/countdown/translations/French_Lancet_Countdown_2023_Executive_Summary-1700054097183.pdf. (consulté le 16/12/2024)
  10. Santé publique France. Dengue. https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-a-transmission-vectorielle/dengue/la-maladie/#tabs. (consulté le 16/12/2024)
  11. Le moustique tigre. https://www.anses.fr/fr/content/le-moustique-tigre. (consulté le 16/12/2024)
  12. Ministère de la santé et de l’accès aux soins. Dengue. https://sante.gouv.fr/soins-et-maladies/maladies/maladies-vectorielles-et-zoonoses/article/dengue. (consulté le 16/12/2024)
  13. Ministère de la santé et de l’accès aux soins. La dengue : informations destinées aux professionnels de santé. https://sante.gouv.fr/soins-et-maladies/maladies/maladies-vectorielles-et-zoonoses/article/la-dengue-informations-destinees-aux-professionnels-de-sante. (consulté le 16/12/2024)
  14. Desprès P, et al. Le vaccin contre la dengue. Un défi scientifique majeur et un enjeu de santé publique. Médecine/sciences 2024 ; 40 : 737-47.
  15. HAS. Stratégie de vaccination contre la dengue. Place du vaccin Qdenga. Argumentaire. 5 juillet 2024. https://production-apollon-documents.s3.fr-par.scw.cloud/q348tr3dlkmsks91l46xj46vl1ff. (consulté le 16/12/2024)

Les maladies infectieuses



VIH

Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), responsable du sida, touche environ 38 millions de personnes dans le monde d’après l’OMS.

Hépatites virales

Les hépatites virales sont des inflammations du foie causées par un ou plusieurs virus (A, B, C, D et E).

Infections sexuellement transmissibles

Parmi les infections sexuellement transmissibles (IST), la plupart sont dues à des bactéries, des parasites ou à des virus.

Tuberculose

La tuberculose est l’une des maladies infectieuses les plus meurtrières. Chaque jour, près de 28 000 personnes la contractent et plus de 4 100 personnes en décèdent d’après l’OMS.

Covid-19

Apparu en décembre 2019 à Wuhan, au centre de la Chine, le coronavirus SARS-CoV-2 s’est très rapidement propagé à l’ensemble de la planète.

Mpox

Mpox (anciennement appelé « variole du singe » ou « monkeypox ») est une maladie circulant depuis des décennies en Afrique de l’Ouest et du centre.

Arboviroses

Les arboviroses sont des maladies dues à des arbovirus (arthropod-borne viruses), c’est-à-dire des virus qui sont transmis aux humains.

Fièvres hémorragiques virales

Les fièvres hémorragiques virales (FHV) regroupent différentes maladies (Ebola, fièvre de Lassa, de Marburg, fièvre de Crimée-Congo…).

Grippe aviaire A (H5N1)

La grippe aviaire, également connue sous le nom d’influenza aviaire ou anciennement de peste aviaire, provoquée par des souches A du virus grippal, est une maladie infectieuse affectant les oiseaux sauvages et domestiques.

Oropouche

La maladie Oropouche est une arbovirose circulant activement dans plusieurs régions d’Amérique centrale, d’Amérique du Sud et des Caraïbes.

Dengue

La dengue est une maladie infectieuse due au virus de la dengue, un arbovirus. Il s’agit de l’arbovirose humaine la plus répandue dans le monde.