Le chikungunya est une maladie infectieuse provoquée par un arbovirus, le virus du chikungunya. Elle peut désormais se rencontrer dans des régions non tropicales, y compris en Europe.
Dernière mise à jour le 17 janvier 2025
Le chikungunya est une maladie infectieuse provoquée par un arbovirus, le virus du chikungunya. Rarement mortelle, la maladie provoque une fièvre et des douleurs articulaires sévères, souvent handicapantes.1 Il n’existe actuellement aucun traitement spécifique approuvé. Avec l’expansion des moustiques vecteurs de la maladie, le chikungunya peut désormais se rencontrer dans des régions non tropicales, y compris en Europe.1
Cette maladie d’origine africaine, dont le nom signifie « celui qui marche courbé », occasionne des douleurs articulaires et musculaires souvent handicapantes. Identifié pour la première fois en Tanzanie en 1952, le virus chikungunya a depuis provoqué de nombreuses épidémies dans plus de 110 pays d’Asie, d’Afrique, d’Europe et des Amériques.1
Les premières flambées urbaines ont été signalées pour la première fois en Thaïlande en 1967 et en Inde dans les années 1970.1 Depuis 2004, avec l’expansion des moustiques Aedes albopictus (ou moustique tigre) vecteurs de la maladie, les flambées sont devenues plus fréquentes et plus étendues.1 Entre le début de l’année 2024 et le 30 novembre, environ 480 000 cas ont été confirmés, majoritairement en Amérique du Sud, et plus particulièrement au Brésil qui a enregistré 203 décès.2
Depuis la détection des premiers cas autochtones de chikungunya en août 2024, un total de 138 cas a été signalé à La Réunion.3 Originaire d’Asie du sud-est, le moustique tigre a atteint l’Europe. Après avoir été isolé en 1979 en Albanie et en 1990 en Italie, il s’est désormais implanté en 2024 dans le sud de la France et s’étend progressivement depuis.4
On trouve Aedes albopictus sur l’île de la Réunion et dans 78 départements métropolitains depuis le 1er janvier 2024.5
Le virus du chikungunya (CHIKV) est un virus à ARN appartenant à la famille des Togaviridae et au genre Alphavirus. On dénombre actuellement quatre clades : West African, Asian, ECSA (East/Central/South African) et IOL (Indian Ocean Lineage).6
La transmission du chikungunya se fait principalement par des moustiques du genre Aedes, d’espèces différentes selon la zone considérée : Aedes furcifer et Aedes africanus en Afrique, selon un cycle sylvatique et rural ; Aedes aegypti et Aedes albopictus en Asie, selon un cycle plutôt urbain.7 Toutes les régions où des populations d’Aedes aegypti ou d’Aedes albopictus sont établies connaissent désormais une transmission locale par les moustiques, y compris en Europe.1
Aedes aegypti et Aedes albopictus peuvent également transmettre le virus de la dengue et le virus Zika.1 Les femelles pondent leurs œufs dans des gîtes où la présence d’eau stagnante est nécessaire au développement larvaire.4
Après qu’un moustique femelle se soit nourri du sang d’une personne infectée, nécessaire à la maturation des œufs, le virus se multiplie dans le moustique durant environ 10 jours.4 À l’issue de ces 10 jours, le moustique infectieux peut transmettre le virus et infecter une nouvelle personne.4
Quelques rares cas de transmission materno-foetale (2e trimestre de grossesse) et périnatale ont été documentés.4, 8
Le virus peut aussi être transmis par la transfusion ou la greffe d’organes ou de cellules.4 Bien que moins courante, la transmission peut également se faire par contact avec du sang infecté notamment chez le personnel de laboratoire et de santé.8
La phase virémique commence un à deux jours environ avant le début des signes cliniques et dure jusqu’à sept jours après.4
Pour tout cas suspect, la PCR (Polymerase Chain Reaction ; réaction de polymérisation en chaîne) doit être effectuée le plus rapidement possible après l’apparition des symptômes (virémie +/-8 jours). La présence d’immunoglobulines M (IgM) isolées doit impérativement conduire à un second prélèvement pour confirmation, au minimum 10 jours après le premier pour détecter une séroconversion (apparition IgG). La présence d’IgM anti-chikungunya ne permet pas de confirmer une infection récente en raison de leur longue persistance.4
L’infection par le CHIKV est le plus souvent symptomatique dans 80 % des cas. Elle suit généralement une évolution en trois stades cliniques : le stade aigu qui s’étend de J1 à J21, le stade post-aigu, de J21 à 3 mois, et le stade chronique qui va au-delà de 3 mois.9 Les stades post-aigu et chronique ne sont pas observés chez tous les patients.9
Les premiers symptômes sont aspécifiques : fièvre, céphalées, myalgies et douleurs articulaires (arthralgies). Comme ces symptômes se superposent à d’autres infections, notamment celles dues au virus de la dengue et au virus Zika, les cas peuvent donner lieu à un diagnostic erroné.1
Le stade post-aigu, dominé par la persistance de douleurs articulaires, concerne plus de la moitié des patients, avec une incidence accrue après 40 ans et chez les femmes.9 Les personnes à risque de formes graves sont celles présentant des comorbidités, les femmes enceintes, les personnes immunodéprimées et les individus aux âges extrêmes de la vie. Le taux de mortalité associé aux formes sévères est compris entre 0,5 à 1,3 %.
Les formes chroniques, dont l’impact est important sur la qualité de vie, concernent 20 à 60 % des patients selon le lignage viral et la qualité des soins reçus. Une association avec un syndrome de Guillain-Barré a également été décrite, mais reste rarissime.
Après la guérison, l’immunité acquise contre de futures infections paraît durable.1, 9
Il n’existe actuellement aucun traitement spécifique approuvé contre le CHIKV. Le traitement repose sur un traitement des symptômes et des complications rhumatologiques. La douleur et la fièvre sont traités avec des antalgiques et des antipyrétiques.4
En plus du repos, les patients doivent s’hydrater régulièrement pour lutter contre la déshydratation.1, 9
L’évolution peut être rapidement favorable, si le malade répond bien au traitement symptomatique.10
Le meilleur moyen de lutte contre le chinkungunya demeure la prévention.1 Pour prévenir et gérer les risques liés aux maladies vectorielles, les autorités ont mis en place des actions de surveillance et de lutte anti-vectorielle.5
La surveillance entomologique « active » est réalisée par les opérateurs chargés de la lutte anti-vectorielle. En 2018, un total de 4 006 pièges pondoirs (seau noir contenant de l’eau, un support de ponte et un larvicide) ont été répartis en France métropolitaine.5
Depuis 2014, cette surveillance est complétée par une surveillance entomologique « passive » à laquelle tout le monde peut participer pour signaler la présence du moustique tigre.5 Le signalement permet de mieux connaître l’implantation du moustique et contribue à définir une lutte anti-vectorielle efficace.
Une surveillance épidémiologique du chikungunya a également été mise en place, laquelle s’inscrit dans les dispositifs de lutte contre les arboviroses.11 Le chikungunya est une maladie à déclaration obligatoire (DO) sur l’ensemble du territoire métropolitain et toute l’année.12 Le document nécessaire à la notification d’un cas est disponible sur Santé publique France.
Les critères de déclaration sont une fièvre (> 38,5°C) d’apparition brutale ainsi que des douleurs articulaires invalidantes et au moins un des critères biologiques suivants : PCR positive OU IgM positive OU séroconversion OU augmentation (x 4) des IgG sur deux prélèvements distants.11
La lutte anti-vectorielle consiste à éliminer les gîtes larvaires et à adopter des protections individuelles telles que l’utilisation de répulsifs cutanés, le port de vêtements longs et amples et l’installation de moustiquaires. La lutte chimique avec l’utilisation de insecticides adulticides reste à ce jour le principal levier pour réduire rapidement les populations de moustiques.13
IXCHIQ est le seul vaccin approuvé contre le chikungunya. Développé par le laboratoire Valneva, il s’agit d’un vaccin vivant atténué administré en une dose unique par voie intramusculaire. Il a reçu une autorisation de mise sur le marché de la FDA (Food and Drug administration) et de l’EMA (European Medicines Agency, Agence européenne des médicaments) pour les personnes non immunodéprimées âgées d’au moins 18 ans.
Une étude clinique de phase 3, incluant 4 128 adultes pour évaluer la sécurité du vaccin et 362 pour évaluer son immunogénicité (la capacité du vaccin à susciter une réponse immunitaire), a rapporté un taux de séroconversion* en anticorps neutralisants** de 99 % quatre semaines après la vaccination. Ce taux est resté stable (98 %) jusqu’à 6 mois, indépendamment de l’âge.14
*apparition d’un anticorps spécifique dans le sang après une vaccination.
**anticorps qui défend l’organisme contre un virus.
Placée sous l’égide de l’ANRS MIE, Arbo-France est un réseau français multidisciplinaire et multi-institutionnel de veille, de surveillance et de recherche sur les arboviroses humaines et animales en métropole et les territoires ultra-marins.
Ses principaux objectifs sont :
Diverses approches innovantes sont étudiées pour la surveillance du CHIKV et d’autres arbovirus, avec notamment l’analyse des eaux usées et stagnantes et l’utilisation de l’intelligence artificielle.15, 16 Des travaux de surveillance dans les eaux usées sont menés en Guyane dans le cadre du groupe de travail « Think tank Surveillance innovante des arbovirus » du réseau Arbo-France.
L’efficacité, souvent limitée, des insecticides classiques est de plus en plus compromise en raison du peu de molécules disponibles et de la résistance des moustiques. De nouvelles approches innovantes se développent, notamment les techniques des insectes stériles (TIS) et celles de l’insecte incompatible induite (TII) par Wolbachia, une bactérie naturellement présente chez de nombreux insectes qui empêche CHIKV de se développer dans le vecteur. Ces approches font l’objet de deux bourses de thèse financée par l’ANRS MIE dans le cadre des actions du réseau Arbo-France.
Forts de leurs expertises complémentaires, le Brésil et la France se mobilisent pour partager leurs connaissances et élaborer des projets communs autour des arboviroses, parmi lesquelles le chikungunya. Les 30 et 31 octobre 2024 s’est tenu à Belém (Brésil) un workshop franco-brésilien sur la thématique des arbovirus organisé par l’Instituto Evandro Chagas (Secrétariat de surveillance sanitaire et environnemental, Ministère de la Santé du Brésil) et l’ANRS Maladies infectieuses émergentes (ANRS MIE), avec le soutien de l’Ambassade de France au Brésil et en partenariat avec le réseau ArboFrance.
L’ANRS MIE a ouvert une cellule de crise de niveau 1 le 16 janvier 2025 en réponse à l’évolution de la situation du chikungunya à La Réunion.
Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), responsable du sida, touche environ 38 millions de personnes dans le monde d’après l’OMS.
Les hépatites virales sont des inflammations du foie causées par un ou plusieurs virus (A, B, C, D et E).
Parmi les infections sexuellement transmissibles (IST), la plupart sont dues à des bactéries, des parasites ou à des virus.
La tuberculose est l’une des maladies infectieuses les plus meurtrières. Chaque jour, près de 28 000 personnes la contractent et plus de 4 100 personnes en décèdent d’après l’OMS.
Apparu en décembre 2019 à Wuhan, au centre de la Chine, le coronavirus SARS-CoV-2 s’est très rapidement propagé à l’ensemble de la planète.
Mpox (anciennement appelé « variole du singe » ou « monkeypox ») est une maladie circulant depuis des décennies en Afrique de l’Ouest et du centre.
Les arboviroses sont des maladies dues à des arbovirus (arthropod-borne viruses) transmis par des vecteurs arthropodes.
Les fièvres hémorragiques virales (FHV) regroupent différentes maladies (Ebola, fièvre de Lassa, de Marburg, fièvre de Crimée-Congo…).
La grippe aviaire, également connue sous le nom d’influenza aviaire ou anciennement de peste aviaire, provoquée par des souches A du virus grippal, est une maladie infectieuse affectant les oiseaux sauvages et domestiques.
La maladie Oropouche est une arbovirose circulant activement dans plusieurs régions d’Amérique centrale, d’Amérique du Sud et des Caraïbes.
La dengue est une maladie infectieuse due au virus de la dengue, un arbovirus. Il s’agit de l’arbovirose humaine la plus répandue dans le monde.
Le chikungunya est une maladie infectieuse provoquée par un arbovirus, le virus du chikungunya. Elle peut désormais se rencontrer dans des régions non tropicales, y compris en Europe.