Les transformations profondes de la société française au cours de la dernière décennie, tant sur le plan social et juridique, qu’économique et technologique, ont eu une incidence sur les représentations et les pratiques dans le domaine de la sexualité et de la santé sexuelle.
L’objectif principal de la recherche est d’étudier les évolutions dans le champ de la sexualité et de la santé sexuelle, en lien avec les changements sociétaux et les politiques publiques.
Les objectifs spécifiques consistent à étudier les évolutions temporelles des représentations et de pratiques sexuelles et préventives, les spécificités françaises en la matière, au regard des enquêtes en cours dans plusieurs pays européens et nord américains, l’impact du numérique sur la sexualité, l’effectivité des droits sexuels et l’articulation entre sexualité et santé, tout en fournissant des indicateurs permettant d’évaluer la stratégie nationale de santé sexuelle .
L’enquête appréhende la sexualité comme une pratique sociale, organisée et normée par de nombreuses institutions et acteurs sociaux, dont les trois composantes sont les actes, les relations et les représentations. La santé sexuelle se réfère à “un état de bien-être physique, mental et social qui requiert une approche positive et respectueuse de la sexualité, ainsi que la possibilité d’avoir des expériences sexuelles qui soient sources de plaisir et sans risque, libres de toute coercition, discrimination ou violence” (WHO, 2006).
La problématique de recherche se décline autour de trois axes étudiés au prisme des rapports sociaux: (i) Diversification des représentations, des pratiques et des trajectoires (ii) Sexualité et conditions de vie (iii) Sexualité et santé.
Pour répondre à ces questions, nous conduirons une enquête nationale transversale et multimodale, auprès d’un échantillon aléatoire de 40 000 personnes (30000 en Métropole et 10000 en Martinique, Guadeloupe, Guyane et Réunion). Elle porte sur les personnes âgées de 15 à 89 ans, tirées au sort à partir d’une génération aléatoire de numéros de téléphone L’enquête comprend un volet téléphonique d’une durée moyenne de 35 minutes, suivi d’un volet internet. Ces deux volets permettront de collecter des informations sur les caractéristiques sociodémographiques, les représentations liées à la sexualité et au genre, l’entrée dans la sexualité, les pratiques sexuelles au cours de la vie et des 12 mois, le dernier rapport sexuel, la sexualité numérique, la pornographie, la sexualité tarifée, le harcèlement et les violences sexuelles, la sexualité en rapport avec la grossesse, la santé sexuelle et la santé générale (handicap, santé mentale).
Les données d’enquêtes seront complétées par un volet biologique et un volet « appariement de données de santé SNDS», permettant d’estimer la prévalence des principales infections sexuellement transmissibles bactériennes et d’évaluer la qualité des indicateurs collectés par questionnaire Ces deux volets ne sont pas compris dans le présent appel d’offre et feront l’objet d’une demande spécifique.
L’analyse permettra de fournir des estimateurs représentatifs des pratiques et représentations en population générale et dans des sous-groupes de la population. Les comparaisons entre groupes sociaux (sexe, âge, orientation sexuelle etc) s’appuieront sur des méthodes d’analyses multivariées qui associeront, selon les cas, des modèles d’analyse factorielles des correspondances, de classifications ascendantes hiérarchiques et des régressions linéaires et logistiques..
Le projet porte sur une période de 3 ans, la collecte de données étant prévue entre le 2ème semestre 2020 et le 1er semestre 2021.
Il est porté par Armelle Andro démographe (Paris I), Nathalie Bajos, sociologue-démographe (INSERM) et Caroline Moreau, épidémiologiste et médecin de santé publique (INSERM) et réunit une équipe pluridisciplinaires de treize chercheurs sociologues, démographes, épidémiologistes et médecins de santé publique. Il associe également deux équipe de recherche en Guyane et à la Réunion.