En France, il a été estimé qu’environ 24 000 personnes vivaient avec le VIH (PVVIH) sans le savoir et que l’Ile de France (IDF) était une région clé de l’épidémie puisque s’y concentrent 42% des infections non diagnostiquées. Actuellement, les stratégies de dépistage de l’infection à VIH sont essentiellement ciblées sur les « populations clés », les plus à risque de contamination. Malheureusement, ces stratégies prennent trop peu en compte, par faute de données, la notion de « territoire clé » où sont observés les taux les plus élevés de PVVIH nouvellement diagnostiquées et/ou les proportions les plus élevées de diagnostics tardifs (CD4< 350/mm3 ou stade SIDA). A ce jour, aucune information n’est disponible à une échelle territoriale infra-départementale, pour ce qui concerne les nombre/taux de nouveaux diagnostics ni le stade de l’infection au diagnostic, reflet du délai « contamination-diagnostic ». Pourtant, ces informations reflètent la dynamique actuelle de l’épidémie et sont essentielles pour ajuster et prioriser les stratégies de dépistage et de prévention, en particulier pour développer les stratégies les plus efficaces qui sont celles d’«aller vers», préconisées par l’ONUSIDA.
Dans l’étude COINCIDE, nous proposons, grâce aux données collectées par les cinq COREVIH IDF, de réaliser les cartographies des PVVIH nouvellement diagnostiquées entre 2014 et 2021 en IDF, à une échelle géographique infra-départementale, selon le groupe à risque de transmission et selon le stade de l’infection au diagnostic. Ces cartographies permettront de préciser les connaissances territoriales de l’épidémie en IDF à une échelle géographique fine, et d’identifier les « territoires clés ». Secondairement, les cartographies obtenues seront comparées à celles de l’offre de dépistage en IDF (médecins généralistes libéraux, centres médicaux de santé, CeGIDD, centres hospitaliers), pour savoir où intensifier le dépistage.
Enfin, l’épidémie de l’infection à VIH est caractérisée par une part élevée et stable de diagnostics tardifs (environ 45%), du fait d’un délai « contamination-diagnostic » excessif, estimé à 3,3 ans en IDF en 2018. Pour diminuer la proportion des diagnostics tardifs, sources de surmorbi-mortalité et alimentant l’épidémie, il est impératif de mieux en comprendre les déterminants. Nous proposons donc d’identifier, à l’échelle individuelle d’une part, les facteurs associés aux diagnostics tardifs, et à l’échelle territoriale infra-départementale d’autre part, les facteurs associés aux « territoires clés », ce qui n’a jamais été fait à ce jour. Les facteurs territoriaux étudiés incluront des indicateurs du niveau de défavorisation du territoire, des indicateurs de l’offre de soin, et certaines caractéristiques socio-démographiques de la population du territoire étudié, à l’échelle de l’IRIS en IDF.
L’étude portera sur la période 2014-2021 de manière à avoir suffisamment de cas pour décliner les cartographies selon les groupes à risque de transmission et selon le stade de l’infection au diagnostic, à une échelle infra-départementale fine. De plus cette période d’étude permettra de décrire les changements territoriaux observés pendant la crise sanitaire, concernant les nombres/taux des nouveaux diagnostics et le stade de l’infection au diagnostic. L’étude COINCIDE a pu être initiée pour la période 2014-2018, suite aux avis favorables du Comité d’Évaluation Éthique de l’INSERM (CEEI – IRB) et du Comité d’Expertise pour les Recherches, les Études et les Évaluations dans le domaine de la Santé (CEREES), rendus fin 2019.