L’histoplasmose disséminée est une infection fongique qui touche principalement les patients immunodéprimés et particulièrement les patients VIH en stade avancé, avec un taux de mortalité élevé en l’absence de traitement (16,8% en Guyane). En l’absence de diagnostic et donc de traitement, l’histoplasmose est une maladie mortelle. En Afrique subsaharienne (SSA) et dans les pays d’Afrique de l’Ouest, cette infection est rarement diagnostiquée en raison d’un manque d’informations sur l’épidémiologie, de formation et de sensibilisation insuffisantes du personnel de santé de première ligne, mais aussi en raison de caractéristiques cliniques très similaires à celles de la tuberculose. Le spectre clinique de l’histoplasmose est varié, allant d’une infection pulmonaire isolée à une infection disséminée avec atteinte des poumons, de la peau, des ganglions lymphatiques et/ou de la moelle osseuse.
Les méthodes de diagnostic classiques sont l’observation microscopique d’une levure à la morphologie évocatrice dans un échantillon biologique et la culture. Cependant, l’examen direct requiert une pratique régulière et les levures peuvent être confondues avec d’autres agents pathogènes. La culture, quant à elle, nécessite une incubation prolongée (souvent de 2 à 4 semaines), et implique, quand elle est positive, une manipulation dans un laboratoire de sécurité de niveau 3.
La mise en place d’outils de diagnostic non invasifs permettrait d’améliorer le diagnostic de l’histoplasmose chez les patients les plus exposés mais aussi d’évaluer la prévalence de cette infection fongique dans les pays Africains où les données sont encore insuffisantes. Les tests de diagnostic rapides (TDRs) tels que le TB Urinary-Lam pour le diagnostic de la tuberculose ou le CrAg Lateral Flow Assay pour le diagnostic de la cryptococcose ont démontré leur impact sur la prise en charge des pathologies associées aux patients VIH. Ces TDRs reposent sur des procédures simples et réalisables pour la plupart des centres de soins de santé primaires ou pour une utilisation au lit du patient dans les pays aux ressources limités. Dans les zones à forte prévalence du VIH et de la tuberculose, nous pensons qu’il est essentiel de mettre en œuvre de nouvelles méthodes de diagnostic pour une meilleure prise en charge des patients atteints d’histoplasmose.
Notre objectif est donc de tester deux nouveaux TDRs basés sur la détection urinaire, pour évaluer leurs performances et la prévalence de l’histoplasmose, sur des échantillons récoltés en Afrique (Afrique de l’Ouest et SSA), où la prévalence de l’infection à VIH et de la tuberculose est élevée. Ces TDRs ont une sensibilité (Se ³ 93 %) et une spécificité (Sp ³ 95 %) élevées dans des études menées au Mexique et en Colombie, et semblent très prometteurs. Il n’y a pas encore de données disponibles dans les pays Africains.
Nous nous intéressons plus particulièrement aux patients et aux échantillons Ivoiriens et Camerounais, puisque les histoplasmoses diagnostiquées en France concernent majoritairement des patients originaires de ces deux pays. Suite à la demande d’accès à la bio banque du projet STATIS (ANRS_12290), nous souhaitons évaluer ces TDRs sur cette collection d’échantillons. Cette collection répond en effet à nos critères pour l’évaluation d’une cohorte de terrain (grille STARD) et particulièrement les échantillons de patients sans diagnostics définitifs de tuberculose et ceux associés à une mortalité inexpliquée malgré le traitement antituberculeux administré.
En combinant ces nouveaux outils de diagnostic, une formation appropriée des cliniciens et des équipes de laboratoire et l’accessibilité aux traitements, la mortalité liée à l’histoplasmose pourrait être réduite.
Applicant
STURNY LECLERE Aude / STURNY LECLERE Aude
Funding type
Contrat d'initiation